jeudi 22 avril 2010

Les islamistes récidivent en Russie

Article publié dans les journaux La Presse et 20 minutes le 1er avril 2010.

Moscou - Les islamistes du Caucase récidivent en Russie. Deux jours après la double attaque qui a fauché la vie de 38 civils dans le métro de Moscou, deux kamikazes se sont fait exploser hier devant le commissariat de Kizliar, petite ville de l'instable république du Daguestan, tuant 12 personnes.

Cette fois, les "martyrs" étaient des hommes. Et les victimes, principalement des policiers.

Peu avant 9h, deux agents de la circulation ont sommé le conducteur d'une voiture de s'immobiliser parce qu'il venait d'enfreindre le code de la route. Devant son refus d'obtempérer, ils se sont lancés à sa poursuite, et le conducteur a fait sauter les explosifs qu'il transportait - l'équivalent de 200 kg de TNT. Les agents sont morts, de même qu'une passante et le kamikaze lui-même.

Vingt minutes plus tard, alors qu'enquêteurs et ambulanciers s'affairaient sur les lieux, un deuxième kamikaze déguisé en policier s'est fait exploser. Neuf personnes sont mortes, dont le chef de la police locale et l'enquêteur principal.

Après plus de cinq ans sans attaque terroriste à Moscou, le double attentat commis lundi par deux femmes avait secoué le pays entier, frappé en plein coeur.

La routine...

Celui d'hier au Daguestan était presque routinier pour la pauvre république de 2,5 millions d'habitants. Le dernier attentat suicide remontait au 6 janvier. Il visait aussi un poste de police.

Entre les opérations antiterroristes menées par les forces fédérales et les attaques des islamistes, rares sont les jours calmes au Daguestan.

Dans les dernières années, des dizaines de policiers et de politiciens locaux y sont morts sous les balles ou les bombes des rebelles islamistes.

En juin 2009, par exemple, le ministre de l'Intérieur de la République a été abattu à l'arme automatique. Il avait déjà survécu à trois tentatives d'assassinat.

Avec la Tchétchénie et l'Ingouchie voisine, le Daguestan est le centre de la rébellion islamiste. Héritiers du mouvement indépendantiste tchétchène, les combattants radicalisés prônent désormais l'instauration d'un émirat dans tout le Caucase russe.

Hier, Dmitri Medvedev a rapidement lié les attentats du Daguestan à ceux de Moscou. "Tout cela, ce sont des maillons de la même chaîne", a déclaré le président russe, qui a appelé au renforcement des mesures de sécurité partout dans le pays et à l'élimination des responsables des attaques.

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L'attentat de Moscou revendiqué

Des rebelles islamistes ont revendiqué hier l'attentat de lundi dans le métro de Moscou. Dans une vidéo mise en ligne sur YouTube, l'"émir du Caucase" autoproclamé Dokou Oumarov a indiqué que les deux femmes qui ont ensanglanté la capitale russe avaient agi sous son "ordre personnel".

Il a aussi exhorté les Russes à cesser de soutenir le gouvernement du premier ministre Vladimir Poutine, responsable selon lui de la mort d'innocents dans le Caucase. "Ce n'est pas la dernière opération", a prévenu en russe le Tchétchène de 45 ans, assis dans une forêt, vêtu d'un treillis militaire. "Je vous promets que la guerre arrivera dans vos rues, inch'Allah (si Dieu le veut), et vous la ressentirez dans vos propres vies."

En revanche, quelques heures plus tôt, un porte-parole des rebelles réfugié à Istanbul avait démenti dans une entrevue téléphonique avec l'agence Reuters que les rebelles de "l'Émirat du Caucase" soient responsables de l'attentat.

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