dimanche 24 février 2008

Devenir président de la Russie pour 1,2 millions de dollars

Dmitri Medvedev est le candidat qui se déplace le plus dans le pays depuis le début de la campagne présidentielle russe. Un jour, le dauphin de Vladimir Poutine est en Sibérie, le lendemain dans l’Extrême-Orient, puis le même jour de retour à Moscou. Mais pourtant, celui qui est largement donné gagnant n’a dépensé jusqu'à présent que l’équivalent de 1,2 M$ pour devenir président.

Ses trois opposants ont pratiquement tout dépensé l’argent qu’ils ont réussi à récolter pour leur campagne. La commission électorale a révélé vendredi 22 février que le leader du parti libéral-démocrate (extrême-droite) Vladimir Jirinovski a dépensé 153 des 160 millions de roubles qu’il a accumulé. Le communiste Ziouganov a quant à lui utilisé 56 de ses 59 millions de roubles, alors qu’il reste moins de 500 000 roubles au chef du Parti démocratique Andreï Bogdanov sur les quelque 5 millions amassés.

Mais Dmitri Medvedev est loin de ces chiffres. Sa campagne ne lui a pour l’instant officiellement coûté que 29 millions de roubles (environ 1,2 M$). Il en a amassé 190...

J’ai trouvé l’explication à cette étrangeté par déduction, sur le site de la chaîne de télévision NTV (à noter que NTV est détenu par la compagnie étatique Gazprom, dont le président du conseil de direction n’est nul autre que Dmitri Medvedev). En surfant sur le site, je me suis dit que je trouverais facilement des reportages sur Medvedev dans la section «Élections-2008». Après tout, on voit ces temps-ci autant sinon plus le très probable futur président que l’actuel à la télévision. Il bénéficie largement du contrôle du Kremlin sur les télévisions étatiques.

Étrangement, il n’y avait pratiquement rien sur lui dans «Élections-2008». Les reportages présentaient plus ou moins également tous les candidats, en respect de la législation électorale russe qui garantit du temps d’antenne à chacun d’entre eux et une couverture de leurs activités.

Deuxième choix, la section «Politique». Bingo. Mais on ne parlait plus de Dmitri Medvedev candidat à la présidentielle, mais bien de Dmitri Medvedev premier vice-premier ministre de Russie.... Dans cette section, celui qu’on voyait à l’occasion dans les bulletins de nouvelles avant qu’il ne soit désigné candidat par Poutine en décembre est partout.

Sa fonction de premier vice-premier ministre est tout d’un coup devenue si importante qu’il doit aller visiter des usines aux quatre coins du pays et leur parler des plans de développement pour les quatre prochaines années. Si importante pour mériter des reportages sur ses activités quotidiennes, jusqu’à ce qu’un journaliste note qu’avant la visite d’une usine X, que M. Medvedev avait pris le déjeuner avec sa tante!

La loi électorale est respectée à la lettre, mais son esprit même est totalement bafoué. Et les grands médias étant acquis au candidat Medvedev, il n’aura jamais à se justifier au Russe moyen.

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